Quand les fruits et légumes poussent à Paris
La Recyclerie
A la limite du périphérique parisien, juste en face de notre Lycée, se trouve un lieu unique en son genre : La Recyclerie, un espace culturel qui a ouvert ses portes en 2014, mais qu'aucun d’entre nous n’avait osé visiter avant ce reportage.
Pourtant, ici, on peut venir manger de bons plats, réparer sa vieille cafetière et même apprendre une nouvelle langue. Le credo : faire se rencontrer des personnes de tous horizons, pour « mieux vivre » et « mieux consommer ».
Plus encore, dans cette ancienne gare réhabilitée, une surprise se cache : on peut y trouver une ferme ! Elle prend place dans un espace de verdure, le long des anciennes voies de chemin de fer de la petite ceinture. Y vivent des poules, des chèvres, des abeilles... Tout ça en pleine ville ! On peut aussi y trouver un grand potager avec des plantes aromatiques, des arbres fruitiers, des tomates ou encore des choux.
Mais alors : peut-on vraiment tout faire pousser à Paris ? Comment ça fonctionne ? Et qui mange ces légumes ?
Nous avons rendez-vous avec Lucie Humbaire, une jeune ingénieure agronome - responsable du potager de la Recyclerie - qui nous a ouvert les portes de la ferme urbaine pour tout nous expliquer.
Un potager en pleine ville, ça marche comment ?
Qui nourrissent-ils, ces fruits et légumes ?
Nourrir tout Paris avec cette méthode, c'est possible ?
« On peut à peu près tout faire pousser ici. On a une contrainte d’ensoleillement parce que le soleil est surtout là en juin-juillet. On pourra donc surtout faire pousser des légumes racines, plus que des légumes fruits comme les tomates, les aubergines, que l’on ne pourra faire pousser que sur la partie droite du potager, plus ensoleillée. On n’a pas assez d’espace pour les céréales, donc on fait surtout pousser des légumes. Notre contrainte c’est vraiment la taille du potager. Faute de place, on privilégiera les légumes qui poussent le mieux. »
- Lucie Humbaire, responsable du potager de la Recyclerie
Pourquoi avoir mis en place cette ferme urbaine ?
Quel diagnostic a-t-il fallu établir au préalable ?
Que fait-on des fruits et légumes récoltés dans le potager de la Recyclerie ?
Quelle quantité de fruits et légumes peut être récoltée ?
« Même avec toutes les fermes présentes dans les environs, on ne pourra pas nourrir tout Paris. Personnellement j’ai une vision de l’agriculture urbaine où l’on pourrait produire tout ce qui est « légumes feuilles » par exemple, les salades, toutes les plantes aromatiques… On aurait ça en milieu urbain. En périurbain, on aurait tous les « légumes de garde », comme les pommes de terre et les carottes. Et ensuite, plus dans les campagnes, on aurait les céréales car on ne peut pas produire des hectares de blé en urbain. Pour l'instant, ça semble très compliqué. »
Lucie Humbaire, reponsable du potager de la Recyclerie
« A Paris, il y a très peu d’espaces libres au sol : on peut cultiver un petit peu des espaces de cour, et certaines personnes ont lancé des mouvements pour cultiver dans la rue.
La possibilité la plus encourageante, c'est de cultiver verticalement, sur les façades des murs et aussi sur les toits. La surface totale cultivable à Paris est difficile à évaluer. En tous cas, la ville de Paris a l’ambition de développer 30 hectares de façades végétalisées grâce aux toits et aux murs d’ici 2020.
Le problème, c'est qu'il y a à Paris, mais aussi ailleurs, des limites d’ordre réglementaire. Par exemple, si un immeuble fait plus de 28 mètres, on ne peut y faire monter personne à cause des règles de sécurité incendie. Il peut également y avoir parfois des problèmes de pollution, créés par les gaz d’échappement, qui empêchent de cultiver correctement. Et puis, il y a le problème des toits ayant très peu de portance et qui ne peuvent donc pas supporter de charges très lourdes : on est obligé de mettre de la terre sur peu d’épaisseur, ce qui empêche de cultiver des arbres et nous oblige à ne cultiver que de petites plantes, comme les laitues ou les aromatiques. »
- Nicolas Bel, ingénieur et expert en agriculture urbaine, co-fondateur de Topager, entreprise d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour le développement de projets au paysage utile, grâce à l’agriculture urbaine et à l’intégration de la biodiversité au bâti